cueil. Puis elle s’appuya sur le lit comme pour prier.
L’héritier du Majorat la voyant prier, lui pardonna son vol et s’agenouilla aussi. Après qu’elle eut prié, les traits de son visage se confondirent en une silhouette également opaque, semblable à ces cartes découpées qui, placées entre l’œil et une lumière, imitent une figure humaine sans qu’on en puisse discerner les ombres ni les méplats.
Vasthi n’avait pas l’air d’un être humain, mais d’un vautour qui, après avoir longtemps contemplé le soleil, tombe sur un ramier et l’éblouit de la lumière qu’il vient de puiser à la source. La vieille Vasthi se pencha sur la poitrine de la pauvre Esther, et lui mit la main sur le cou. L’héritier du Majorat crut voir quelque mouvement à la tête, aux mains et aux pieds de la belle Esther ; mais la volonté et la décision restèrent comme toujours en retard ; ce spectacle le saisit au point de croire qu’il n’y survivrait pas.
— L’affreux vautour ! la pauvre colombe !
Au moment où Esther, abandonnant la lutte, allongeait ses bras au-dessus de sa tête, la lampe s’éteignit, et du fond de la chambre apparurent, en lui faisant des signes d’amitié, les acteurs de la première création, Adam et Ève ; ils se tenaient sous l’arbre fatal et regardaient avec bienveillance les mortels du haut