faire valoir vos biens, j’ai donné votre parole absolument comme si j’étais votre tuteur.
L’héritier du Majorat se soumit à la volonté du cousin, comme Esther à celle de Vasthi ; il lui semblait que c’était aussi un ange exterminateur, et qu’il serait capable de lui offrir un pistolet avec autant d’indifférence qu’au jeune dragon, s’il venait à lui découvrir le secret du Majorat. Mais le jeune héritier tenait à sa vie comme tous ceux qui souffrent ; il comprit que c’était un expédient ingénieux trouvé par la dame, de le lier de telle façon à la maison par son mariage avec le cousin, que, dans le cas fort improbable où leur vieillesse leur donnerait des enfants, lui seul fût le but et l’arbitre de toutes leurs espérances.
Ces réflexions le décidèrent à féliciter son cousin de son mariage, et de l’assurer des sentiments filiaux qu’il éprouvait pour la dame ; il lui promit en outre d’habiter avec lui dans l’hôtel du Majorat, de voir le monde et de tâcher de lui rouvrir l’accès de la cour.
Dans sa joie, le cousin lui lut quelques vers où il avait chanté cet heureux moment, puis prit congé fort tard de l’héritier du Majorat accablé de sommeil, et qui maudissait intérieurement la poésie de son cousin. Cependant, malgré cette horreur pour les vers, il ne