des gens déguisés en coqs grognaient, criaient et gloussaient en toutes les langues. Il voyait apparaître les personnages à mesure qu’ils étaient animés par la voix d’Esther. Elle renvoyait avec vivacité les plaisanteries qu’elle se faisait à elle-même, et ne paraissait plus se ressentir de la faiblesse qui l’abattait un instant auparavant. Elle savait répondre à chacun quelque chose qui l’intriguât ou qui l’intéressât. Il n’y eut qu’un seul masque auquel elle ne put répondre de même ; il vint lui reprocher de faire de telles folies, si près de son mariage.
— Mon mariage ! dites une aumône que je fais à ce pauvre jeune homme, et ne parlons pas de mariage : je suis abandonnée. L’héritier du Majorat se perdra dans son irrésolution avant d’avoir rien fait pour moi. Mon pouls va bientôt battre mes dernières minutes, et comme David dansait devant l’arche d’alliance, moi je danse en allant au-devant d’une alliance plus sublime.
À ces mots, elle saisit le masque et commença une valse effrénée ; les autres masques suivirent son exemple, tandis que, tout en dansant, elle imitait parfaitement avec sa bouche les violons, les basses, les hautbois et les cors de chasse. Cette valse terminée, on pria Esther de danser un fandango. Elle jeta