parvenue avec peine à l’apaiser. Chacun lui donnait tort tout haut de vouloir ainsi rompre le mariage, non pas par sollicitude pour sa belle-fille, mais par espoir d’hériter d’elle, la voyant très-malade.
C’était donc un moyen d’accommodement de moins. L’héritier du Majorat ne pouvait plus épouser Esther l’abandonnée ; et maintenant son amour lui paraissait criminel. Il voyait Esther, blanche et épuisée, étendue comme une morte sur son sopha, tandis que son fiancé, un homme de mine assez pitoyable, lui racontait ses aventures malheureuses. On alluma la lampe ; Esther parut se remettre ; elle le consola, lui promit de quitter son commerce lorsqu’ils seraient mariés, mais le pria de ne jamais entrer dans sa chambre. Il jura de se soumettre à toutes les conditions qu’elle voudrait lui imposer, si elle le tirait de la misère et le mettait à l’abri des fureurs de la vieille Vasthi.
— C’est l’ange exterminateur, c’est l’ange de la mort, disait-il, j’en suis sûr ; on la rappelle chaque soir là-haut, parce que les morts ne doivent pas passer la nuit dans la maison des vivants, et elle vous suce l’haleine pour que vous ne soyez pas tourmenté longtemps et que vous ne deveniez pas à charge aux autres. Je l’ai vu ! Lorsqu’elle quitta ma mère, et que je