vit passer de rapides coureurs qui, armés de torches, entouraient une voiture ; derrière eux marchait Lilis. De joyeux compagnons sortirent bruyamment d’un cabaret en faisant résonner les cordes de leurs guitares. L’ange de la mort passa aussi derrière eux, et souffla dans une corne semblable à celle dont sonnent les gardiens de nuit. Et ils étaient si nombreux, ceux que suivait l’ange de la mort, qu’ils étaient obligés de marcher les uns derrière les autres en se mettant deux à deux, comme des amants, en causant tout bas. Il chercha à écouter ce qu’il disait pour savoir comment s’y prendre auprès d’Esther pour lui déclarer son amour ; mais les amants marchaient trop vite, et il ne put rien surprendre de leurs discours, lorsqu’il entendit la voix de Vasthi qui passait avec un vieux rabbin en lui disant :
— Qu’ai-je besoin de ménager Esther, elle n’est pas la fille de mon mari, mais bien une riche enfant de chrétien, et mon mari lui a donné la plus grande partie de son bien.
— Calmez-vous, répondit le rabbin, combien votre mari a-t-il gagné d’argent avec cette enfant ?
— Tout ; il n’avait rien, et avec elle il a pu entreprendre un grand commerce. Est-ce la faute de la pauvre fille si on lui a volé son argent.