leurs mœurs et de leurs usages. Savez-vous ce que la vieille disait en dernier lieu ?
Elle disait qu’elle serait bien contente si Esther mourait, parce que cela ferait une belle vente aux enchères. Elle avait probablement en vue la succession du père, composée d’un riche et élégant mobilier. On raconte même que, bien qu’elle ne reçoive plus de brillants seigneurs comme du temps de son père, Esther ne manque pas chaque soir de se mettre en grande toilette ; elle fait du thé comme si elle avait une nombreuse société, et parle toute seule les nombreuses langues qu’elle connaît.
Mais l’héritier du Majorat n’écoutait plus : il était tout aux livres hébreux ; le lieutenant lui souhaita bonne nuit, et, dès qu’il fut parti, il courut à l’armoire, et passa en revue, dans ces livres, les patriarches, les prophètes, les rabbins et leurs meilleures histoires ; il y en avait tant, que la chambre aurait été trop étroite pour les contenir. Mais l’ange de la mort les avait tous frappés de son aile. L’héritier du Majorat s’arrêta longtemps sur la légende suivante :
— Lilis était la compagne d’Adam au paradis ; mais il était trop timide, elle trop chaste pour se confier leur amour. Alors Dieu lui tira de ses flancs une femme,