leur autre bras et leur autre jambe, à la barbare qui les regarde avec une curiosité de cannibale. Des malheureux crient et courent autour d’elle. Ce sont les âmes qu’elle a enlevées au monde avant le temps ! Cousin, il n’y a donc pas de police dans cette ville ?
— Voulez-vous que j’appelle cette homme pour vous tâter le pouls ? c’est notre meilleur médecin ; vous l’avez sans doute reconnu à sa petite voiture à une place ; il est vrai que son cocher est maigre et ses chevaux exténués ; aussi les moineaux volent autour de sa voiture, et les chiens courent après en aboyant.
— Non, reprit l’héritier du Majorat, au nom de Dieu, n’appelez pas ce médecin ; lorsqu’ils me tâtent le pouls qui, en réalité, bat toujours, mais qui cependant paraît immobile, ils disent tous que je suis mort !… Et ils finiront par avoir raison, car la pensée qui vivifie mon âme et qui seule me soutient encore, est bien malade maintenant. Au reste, je vous ai effrayé outre mesure, mon cher cousin ; mes paroles exprimaient le danger où se trouve la noblesse française ; je me représentais la terreur qu’éprouverait la France lorsque ces esprits apparaîtront dans les châteaux ; votre collection n’a plus de sens. Je discerne avec peine ce que je vois avec les yeux de la réalité de ce que voit mon imagination. Cela vient peut-être