causée par cette légère blessure la réveilla, et elle dut prendre Frenel pour un assassin acharné après le comte.
Au milieu du péril une résolution doit être prise sur-le-champ ; souvent plus tard le cœur voudrait revenir sur ce que le danger nous a fait faire, mais la détresse n’a pas le temps d’hésiter. Le désir de sauver ses trois enfants fit oublier à Mathilde de dire un dernier adieu à son mari et à sa noble amie. Elle s’éloigna du château comme si elle quittait Sodome, sans oser regarder derrière elle.
Frenel l’accompagna, la soigna avec un dévouement infatigable, et la conduisit heureusement jusqu’en Suisse, chez des parents aisés qui reçurent l’infortunée les bras ouverts.
Depuis le jour du massacre, Frenel était resté en proie à une sombre tristesse. Un soir qu’il racontait à Mathilde les détails de cette affreuse journée, il jura qu’il se mépriserait toujours de ne pas s’être fait tuer au lieu de présider à la mort de son ami ; la comtesse chercha à le consoler, mais en vain. Lorsqu’elle se fut éloignée, il embrassa tendrement les enfants, leur dit qu’il allait partir pour quelque temps, et qu’on ne l’attendît pas pour le dîner, qu’il allait manger le repas qu’il méritait. Il prit ainsi congé