lück, ils allèrent au port, où les matelots écoutaient avec surprise les nouveaux chants de liberté que, pendant leur absence, leurs compatriotes avaient composés. C’était un beau moment où les intérêts particuliers s’effaçaient devant l’intérêt commun. Le comte et la comtesse, loin de regretter leurs priviléges, se réjouissaient de voir régner l’égalité.
— Jusqu’à présent, disait le comte, l’histoire de la France n’a été que l’histoire de la noblesse, qui l’avait défendue et agrandie en payant de son sang ; maintenant, il sort des héros de toutes les maisons, et nous allons avoir l’histoire d’un peuple ; je connais les hommes qui sont à la tête de la France, ils ne veulent que le bien, et ils trouveront dans toutes les provinces des honnêtes gens pour les seconder.
La comtesse tournait en ridicule ses titres de noblesse ; elle en rougissait et souhaitait qu’un tu et toi universel unît tous les hommes. Frenel ne connaissait nullement la France, il en vivait toujours trop éloigné pour pouvoir appliquer à son pays son esprit observateur. Les écrits du siècle lui avaient fait un portrait moral du peuple d’après lequel rien n’était plus facile que d’arriver à ce résultat, but de toute la philosophie : le règne de la Raison.
Melück s’était tue longtemps et l’avait laissé expo-