seille, et où ils vécurent plus tranquillement qu’à la ville. Frenel voyait avec joie le bonheur qu’il avait préparé, et faisait souvent sentir à Melück tout ce qu’on devait à son entremise. Melück pardonnait à la vanité du docteur et cherchait même à se l’attacher, à s’en faire un discret adorateur, mais l’esprit du médecin n’avait pas le calme qui convient à une liaison paisible et durable.
Un jour, il arriva chez elle à l’improviste, et tout hors d’haleine, lui demanda si elle n’avait pas quelque commission pour son pays, où il allait faire un nouveau voyage d’exploration. Mais tout l’intérêt qu’elle portait auparavant aux sciences occultes qu’on y cultive avait disparu depuis que son désir était satisfait. Elle lui répondit que rien ne la rattachait plus à l’Orient, excepté le souvenir affreux d’une émeute soulevée par un ennemi de l’émir son père, et qui avait ruiné sa maison et sa famille.
— Ainsi, vous n’avez rien à me commander, lui demanda Frenel ; je ferais cependant l’impossible pour vous : ordonnez ce que vous voudrez, ajouta-t-il avec vivacité.
Melück le regarda fixement, et lui répondit :
— Maintenant vous voulez que je vous ordonne quelque chose ; mais il viendra un temps où vous ne pourrez