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frayant. Elle commença par lui demander s’il était capable d’opérer quelque transformation. Frenel lui montra une chenille qui se trouvait sur un grenadier, et lui dit qu’avec un baume de sa composition il allait la changer en papillon dans l’espace de cinq minutes.

En effet, la transformation de la chenille en chrysalide dura à peine une minute ; pendant le reste du temps, elle ne cessa de s’agiter, puis enfin, au bout de cinq minutes, on vit s’échapper un papillon aux couleurs variées qui vint se poser sur la tête de Melück, et se mit à agiter ses ailes qu’on aurait dites un assemblage de pierres fines. Mais dans le même moment, un des canaris de Melück, qui s’était niché dans sa gorge, vint saisir le papillon.

La merveille du docteur était anéantie.

Frenel, piqué, l’invita à lui faire voir ce qu’elle savait, puisqu’elle traitait ainsi son ouvrage. Il arracha une grenade à l’arbre, la mit sur la table, et demanda avec mépris à Melück si elle pourrait ôter l’intérieur de ce fruit sans en briser l’enveloppe ; elle le regarda avec hauteur, et, secouant la tête, lança sur la grenade son regard qui arrachait les cœurs, et la lui tendit intacte. Il la coupa en deux et trouva le fruit vide.