sortit de la scène fièrement et à pas lents. La colère de la foule contre elle s’était apaisée. On regarda la loge du comte où l’on parlait tout haut. On vit une femme : c’était la comtesse penchée vers son mari, qui, debout dans la loge, tournait le dos au public, ce qui est contre l’usage du pays.
Un bruit de piétinement mêlé de cris s’éleva de tous côtés. Heureusement le comte n’entendait rien ; autrement, il aurait pu faire quelque folie pour venger l’outrage fait à sa femme. Ses voisins lui ayant fait remarquer qu’elle était la cause de ce tapage, la comtesse pâlit, puis partit avec le comte qui s’était un peu remis, et rentra chez elle sans dire un mot.
Comme en quelques heures tout était changé pour elle dans cette maison ! Elle ne pouvait se dissimuler que le comte ne lui avait pas donné un amour entier et véritable ; au lieu de l’honneur qu’elle espérait recueillir en paraissant en public avec lui, elle n’avait essuyé qu’un public affront, dont personne ne pouvait lui donner satisfaction. Mais une inquiétude plus grave lui faisait oublier ces malheurs ; l’indisposition du comte n’avait pas été passagère, la fièvre persistait, et en peu de jours des symptômes sérieux se manifestèrent : le comte se plaignit d’une douleur au cœur, inexplicable pour tous les médecins, qui lui