ble avec Melück. Il commença par redemander l’habit qu’il avait laissé chez elle. Elle lui assura l’avoir brûlé par prudence, et dans la crainte qu’il ne fût compromis par ce vêtement. Là-dessus il s’emporta ; se plaignit qu’elle eût eu la cruauté de détruire des larmes qui lui étaient si chères ; et il se mit à parler avec tant de feu de sa passion pour Mathilde, que Melück s’évanouit de désespoir et de jalousie.
Le comte s’esquiva, et se crut débarrassé d’elle pour toujours. Mais le lendemain il reçut une lettre fort tendre, dans laquelle elle reconnaissait ses torts, et le suppliait de lui conserver son amour : elle savait bien qu’il serait partagé avec Mathilde, mais elle ne pouvait vivre sans lui.
Le comte s’aperçut qu’il n’avait pas affaire à une Française, et qu’il ne pouvait pas agir cavalièrement, comme dans une intrigue ordinaire ; tous ses expédients n’auraient pas eu de prise sur cette nature étrangère, que l’offense et l’abandon blessaient plus que toute autre, mais qui cherchait à s’en venger, non par la colère, mais par un redoublement de tendresse. Il lui répondit par une lettre très-froide, ce qui ne lui fut pas difficile.
Bientôt il lui arriva des lettres toutes les heures, si bien qu’il prit le parti de n’y plus répondre.