Elle s’imaginait avoir en perspective un feuillage toujours vert, tandis que les feuilles jaunissaient, et tombaient déjà à mesure qu’elle s’avançait.
Il y avait à peine un mois que le comte entretenait cette liaison secrète, lorsqu’il reçut une lettre de sa chère Mathilde ; elle lui annonçait que le roi avait enfin cédé aux instances de son oncle, et lui permettait d’épouser Saintrée, mais à la condition qu’il s’éloignerait de la cour. Elle lui demandait s’il était capable de ce sacrifice, de quitter cette brillante atmosphère, où il avait passé ses plus belles années ; elle le priait de bien réfléchir avant de s’engager, et de convenir à avec elle de l’époque où elle viendrait le trouver à Marseille avec ses parents, connaître la destinée de ses plus douces espérances, de ses plus violentes inquiétudes.
Le comte n’avait pas la liberté d’hésiter ni de tarder, il répondit :
— Joie et bonheur !
Ce soir-là il reposait sur des moelleux coussins à côté de l’Arabe, mais il se sentait mécontent et inquiet. Melück s’en aperçut, et avec une impétuosité passionnée s’efforça de redoubler son plaisir ; mais cela ne servait qu’à rappeler au comte la douceur de Mathilde qui accordait tout au moment où elle semblait tout refuser. Saintrée cherchait à rompre le plus tôt possi-