fut obligée de reconnaître sa supériorité, et le pria, pendant son séjour à Marseille, de ne pas lui refuser le secours de ses conseils.
Cette soirée l’avait entièrement changée, elle n’avait plus son assurance habituelle ; elle hésitait, cherchait ses mots, surveillait ses expressions ; elle n’essayait pas de se défendre, lors même que le comte émettait des opinions entièrement contraires aux siennes. En prenant congé du comte, elle se plaignit que la soirée se fût passée trop vite pour elle, bien qu’elle se retirât la dernière.
Restés seuls, ses adorateurs, au lieu de se montrer jaloux du prince, se félicitèrent de voir qu’il y avait au moins un homme en France qui pût maîtriser l’orgueil de cette Orientale.
Le lendemain Saintrée alla rendre visite à Melück dans son brillant hôtel. Elle lui parla tendrement et amena la conversation sur le bonheur que l’on goûte dans l’affection. Saintrée, une fois sur ce sujet, fut bientôt conduit à lui raconter comment il avait vu sa Mathilde pour la première et la dernière fois ; il pressait sur ses lèvres la place de son habit qui avait reçu les larmes de sa maîtresse, et finit par oublier chez qui il était et le mystère que réclame l’amour, et qui en fait tout le prix !