au repos ; aussi fut-elle heureuse de pouvoir prétexter de ses débuts, qui devaient avoir lieu au retour de l’hiver, pour se retirer de presque toutes les sociétés qu’elle fréquentait. Cette retraite ne fit qu’exciter l’intérêt qu’elle inspirait ; elle devint l’objet de raille galanteries.
Deux mois environ avant ses débuts, on vit arriver à Marseille le comte de Saintrée, qu’une intrigue amoureuse éloignait de la cour, et qui venait chercher quelque distraction dans cette ville. Il avait la réputation d’un des hommes les plus aimables de la haute société ; mais l’état de son âme le rendait peu curieux de profiter de cette bonne renommée. Aux femmes de Marseille qui s’empressaient autour de lui, il ne savait que détailler avec passion les beautés de sa chère Mathilde. Il avait toujours un même habit de taffetas bleu ; c’était celui qu’il portait au moment de sa séparation, et que Mathilde avait mouillé de ses larmes ; c’était là du moins ce qu’il avait confié à un ami, et ce que tout le monde sut bientôt, grâce à l’indiscrétion de ce dernier.
Melück avait été invitée avec intention à une soirée où se trouvait le comte ; plusieurs femmes lui avaient raconté son histoire, ses malheurs et l’attachement extraordinaire qu’il portait à son habit ; elle voulut se