en opposition avec la frivolité qui régnait alors, la finesse avec laquelle elle comprenait et interrogeait ses nouvelles connaissances, ne faisaient qu’augmenter le plaisir qu’éprouvaient les femmes à lui rendre visite. On ne parlait que de ses réflexions, de ses mots ingénieux, et, grâce à sa nature singulière, on lui en faisait souvent dire plus qu’elle n’en avait eu l’intention. Une femme comme Melück, sans fierté, sans coquetterie, plaît facilement à tout le monde ; mais entre tous, elle avait conquis l’admiration d’une ancienne comédienne, la Banal ; pour cette dernière, Melück était une divinité.
Ce fut un grand sujet d’étonnement dans toute la ville lorsqu’on vit Melück quitter le couvent avant la fin de son année de noviciat, et, abandonnant sa dot aux religieuses, aller trouver la comédienne pour apprendre d’elle les principes de son art. La plupart pensèrent que sa piété et son baptême n’avaient été que deux comédies qu’elle avait fort bien jouées ; d’autres lui pardonnaient à la pensée du plaisir qu’ils comptaient goûter en l’entendant, et des plaisanteries contre les dévots auxquelles ce changement pouvait donner lieu.
À force d’étudier, Melück s’appropria bientôt la langue des chefs-d’œuvre qu’elle apprenait ; elle en-