mander chaque jour ; le troisième était celui de son confesseur, qui lui avait prodigué tous les soins spirituels. Son premier nom de Melück la fit reconnaître par un habitant de Toulon qui, dans le port, avait été témoin de l’aventure que nous avons racontée.
Aussitôt après la cérémonie, et selon la promesse faite à son confesseur, elle se rendit à un couvent des religieuses de Sainte-Claire, où, après avoir déposé une dot considérable, elle commença avec la plus grande ferveur son année de noviciat. Le récit que l’habitant de Toulon avait fait de ce qu’il savait sur Melück, avait, plus encore que la cérémonie, attiré sur Melück toute l’attention du public. Enfermée dans un cloître, les hommes désespéraient de pouvoir l’approcher. Les femmes qui en avaient la facilité triomphaient, pour l’honneur du corps, du caractère noble, de l’amabilité de cette Arabe qui paraissait réunir les qualités des deux sexes. Du reste, on ne put savoir grand chose de cette fille, dont le teint sombre était un voile qui empêchait de rien deviner sur sa physionomie : voici le peu qu’on apprit :
Née dans l’Arabie Heureuse, elle avait été amenée à Smyrne où elle avait connu la religion chrétienne et la langue française dans la maison d’un riche négociant. Son genre d’esprit, profond plutôt qu’enjoué,