quête ; car ses serments l’obligeaient à la quitter. Après avoir adressé un court rapport au surveillant du port, et sans avoir seulement touché terre, il quitta cette contrée belle comme le paradis, qu’il avait à peine eu le temps d’entrevoir au milieu de ses forêts d’orangers en fleurs ; c’était pour lui plus encore que le paradis qui appartient à quiconque sait le gagner par sa piété : c’était sa patrie qu’il n’avait pas vue depuis dix ans. Il s’en alla le cœur gros !
L’équipage turc entra en quarantaine. Pendant ce temps, la renommée de cette inconnue, qui avait sauvé le navire d’une manière si extraordinaire, s’était promptement répandue dans la ville ; chacun était curieux de la voir, chacun attendait avec impatience la fin de la quarantaine. Mais l’étrangère trompa l’attente générale ; protégée par le directeur du lazaret, elle quitta l’établissement avant l’expiration du délai, et, soigneusement enfermée dans une voiture, elle quitta la ville seule, et en cachant son chemin à tout le monde.
Deux mois après, dans la cathédrale de Marseille, devant une foule immense, elle fut baptisée avec solennité sous les noms de Melück Marie Blainville ; le premier, venant de son origine arabe ; le second, de la sainte Mère de Dieu, à laquelle elle devait se recom-