le repentir, expier chacun de ces mauvais désirs.
Longtemps après il passait à Gand ; assailli par le souvenir de son premier amour, amour si malheureux, il résolut d’assister au coucher de ce soleil qui avait été Charles-Quint ; il abdiqua en faveur de son fils Philippe, et prit congé des envoyés de toutes nations qui étaient à sa cour ; puis il vécut dans la plus profonde solitude jusqu’à son retour en Espagne. Le jour anniversaire de sa naissance, il prit possession du monastère de Hyéronimites fondé par lui à Saint-Yust, en Espagne.
C’était justement le jour où était venue au monde la mandragore qui avait été le tourment de toute sa vie. Il naissait pour le ciel le même jour qu’il était né pour la terre.
Son vœu le plus ardent fut exaucé, et sa discipline sanglante, qu’on a gardée comme une relique, témoigne combien il lui fut difficile de se détacher de cette pensée d’amour qui l’avait occupé toute sa vie.
Et nous, dont les aïeux ont tant souffert de son système politique, de l’avarice que lui inspirait la mandragore, des divisions excitées par lui en Allemagne, alors sans unité et sans patriotisme ; malgré tout cela, nous nous sentons désarmés au récit des souffrances que lui a coûtées ce premier amour : cette expiation nous