pandit dans la chambre ; le petit homme-racine gisait par terre sans vie et tout déchiqueté. On l’enterra secrètement, et Charles se regarda comme débarrassé de lui. Le monde crut qu’il avait complètement disparu. La vérité est qu’il s’était tellement mis en colère qu’il en était devenu démon, et l’empereur vit bien qu’on ne pouvait pas en être débarrassé si facilement.
En vain il changea de demeure, de vêtements ; en vain il se réfugia jusque sous le soleil d’Afrique ; lorsqu’un mauvais désir venait l’assiéger, au moment où il s’en croyait débarrassé pour toujours, la mandragore apparaissait : tantôt sous la figure d’un grillon qui, caché derrière le poêle, lui indiquait l’occasion et le moyen d’avoir de l’argent pour accomplir son mauvais dessein ; tantôt sous la forme d’une araignée qui descendait du plafond sur son pupitre ; ou d’un crapaud qui venait au-devant de lui, lorsqu’il entrait au jardin ; d’autres fois elle venait bourdonnant autour de lui comme un hanneton ; et le matin et le soir elle volait auprès de lui en poussant des cris sauvages. Charles l’écoutait, et trop souvent obéit à sa voix.
Ce génie, qui lui procurait de l’argent, lui facilita bien des entreprises ; mais cela ne devait que diminuer la durée de son règne ; et il devait plus tard, par une sainte vie passée dans la prière et dans