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s’il n’avait pas de commission ou de courses à faire ; que si elle voulait mettre les habits de ce domestique, elle pourrait faire auprès de lui ce service qu’il ne pouvait demander aux laquais du château.

Bella accepta tout ce que lui proposa le vieillard, car elle entrevoyait la possibilité de rencontrer l’archiduc au moyen de ce déguisement, et c’était là sa seule pensée. Elle courut chercher le costume de son nouvel emploi ; mais entièrement étrangère à ces vêtements, elle ne se reconnaissait pas entre les culottes et les pourpoints, et son vénérable maître fut obligé, non sans rire, de l’aider à s’habiller. Elle lui dit qu’elle allait retourner se cacher à la maison de campagne, et qu’elle s’y noircirait si bien le visage avec des décoctions de plantes, que personne ne la prendrait pour une fille.

Adrien reconnut à ce trait la prudence naturelle à son peuple ; il craignait cependant encore d’être découvert ; mais il se rassura complètement en entendant, lorsqu’elle passa sur la place publique, des garçons lui parler comme à leur ancien camarade, le domestique d’Adrien.

Après cela, il se rendit chez l’archiduc, qu’il trouva dormant après une nuit sans sommeil ; il le secoua pour le réveiller, et lui fit une longue réprimande sur