au palais il maudit cette nuit, et jura de ne plus retourner à ce rendez-vous. Rentré chez lui, Cenrio lui raconta le danger qu’il avait couru, et comment il avait manqué d’être découvert par le vieil Adrien.
Pendant ce temps Adrien était dans une grande perplexité. Après avoir quitté le prince empaillé, il avait fait de grands projets, qui revenaient tous à favoriser la passion du prince. Il cherchait à s’excuser à ses propres yeux de garder Bella. À cette heure avancée de la nuit, il n’aurait pu sans scandale faire sortir une jeune fille de chez lui. Il avait bien fallu être indulgent et donner son lit à la pauvre Bella accablée de fatigue : il s’étendrait lui-même sur un canapé loin d’elle, pour éviter toute tentation. Son embarras redoubla lorsqu’il voulut prendre un verre que Bella avait placé tout près de son lit ; c’était le seul qu’il y eût dans sa chambre, et il avait extrêmement soif ; il se leva enfin et alla le chercher. Bella, dont le sommeil était très-agité, s’éveilla à moitié et la regarda.
Jamais un tel regard n’avait été dirigé vers le pauvre Adrien, et, malgré lui, il mit beaucoup plus de temps qu’il n’en fallait à boire, et à chasser une mouche qui revenait toujours piquer cet ange endormi ; à la fin il fut pris d’une sensation qu’il avait