avertir Adrien qu’il y avait là une fille suspecte qui demandait à parler à l’archiduc.
Adrien venait de se mettre à table, devant un bon poulet rôti, dans son cabinet de travail, où il avait l’habitude de souper seul. Il ordonna d’assez mauvaise humeur de faire entrer cette fille. On introduisit Bella. Comme elle craignait que le prince ne fût pas de retour, la vue d’Adrien la tranquillisa. Celui-ci la regarda, et se contenta de dire :
— Kyrios, kyrios (seigneur, seigneur).
Elle aperçut le rôti, et, poussée par la faim, elle prit une chaise, se mit à table devant Adrien, et se servit un morceau de poulet qu’elle mangea avec l’appétit d’une malheureuse qui n’a rien pris depuis deux jours.
Adrien secoua la tête en répétant :
— Kyrios, kyrios.
Il lui offrit de la confiture de groseille qui assaisonnait le rôti, et lui versa un verre de vin.
— Tu es une étonnante fille, lui dit-il ; mais dis-moi quand tu es née ; je veux examiner le signe qui a présidé à ta naissance.
— Ah ! Monseigneur, répondit-elle, je ne pourrais guère m’en souvenir, j’étais trop sotte dans ce temps-là !