d’être ainsi abandonnée ; elle ne connaissait dans cette maison que la vieille Nietken, mais elle aurait préféré s’enfuir toute seule que d’avoir recours à elle.
Malheureusement le hasard amena la vieille au-devant d’elle. Deux vieux gentilshommes lui demandaient du vin, des dés et des filles pour se divertir ; et la vieille n’ayant pas de meilleure chambre libre que celle que venaient de quitter le duc et la famille Braka, entra avec une lumière pour remettre les choses en ordre ; mais en apercevant Bella, elle recula, comme à la vue d’un spectre.
— Qu’avez-vous, maman Nietken ? lui dit Bella naturellement, où est donc ma mère ?
— Jésus Maria, dit la vieille, je ne sais pourquoi vous m’avez fait peur. Avez-vous oublié quelque chose, Mademoiselle ? C’est donc bien précieux ! Vous deviez déjà être loin. Ç’aurait été un boisseau d’or, il se serait trouvé en toute sûreté chez moi !
Bella ne pouvait s’expliquer ces paroles, et lui demanda où était allée sa mère ; elle se trouva bien embarrassée quand la Nietken lui répondit n’en rien savoir.
La vieille, qui se rappelait l’interrogatoire du prince, fut assez rusée pour soupçonner quelque connivence entre Bella et lui ; et, comme elle avait été peu payée