courut au-devant d’Adrien pour essayer de le détourner de ce caprice. Mais ce dernier était tout hors de lui ; il jurait que cette nuit devait donner naissance à un enfant de Mars et de Vénus, et qu’il voulait retourner à ses livres pour vérifier ses observations ; et, supposant que le prince y prenait grand intérêt, il n’écoutait même pas ses objections. Adrien était un véritable et complet précepteur qui nourrissait son élève de ses propres idées.
Le prince se soumit à sa volonté, et alla aussitôt s’habiller pour retourner à Gand avec lui. Il aurait bien voulu dire encore une fois adieu à sa chère Bella, qui était dans la chambre voisine, mais il craignait de découvrir leur amour à ses parents, car il n’avait plus pensé à ce qui avait pu arriver à la seconde Bella, ni au départ de ses voisins. Du reste, il ne faisait plus attention à rien ; aujourd’hui que son cœur battait des premières joies de l’amour, le monde ne l’occupait plus ; il ne pensait ni à ses chevaux, ni à ses chiens de chasse ; pour la première fois il sentit dans son cœur résonner cette sensible corde dont plus tard, au camp devant Ratisbonne, une belle joueuse de harpe lui rappela les accords, alors que la maladie et les douloureux souvenirs de son premier amour l’avaient presque entièrement séparé du monde. Peut-être ne