Le juif lui en démontra la possibilité par la ressemblance de l’homme avec Dieu. Dieu a créé l’homme ; l’homme, image de Dieu, peut donc créer d’autres hommes, pourvu qu’il sache le mot que Dieu prononça en lui donnant la vie. Mais l’ouvrage de l’homme reste toujours au-dessous de celui de Dieu, autant que l’argile de notre terre est inférieure à celle du paradis.
Tout en disant cela, le juif avait terminé son ouvrage ; il souffla sur la statue, écrivit le mot sacré sur le front inondé de boucles de cheveux, et ils virent devant eux une seconde Bella, qui, par le moyen du miroir, connaissait toute l’existence de Bella, mais seulement jusqu’au moment où elle s’y était regardée ; du reste, cette fausse Bella n’avait aucune idée propre. Elle n’avait dans l’âme que ce qui était dans celle du vieux juif, son créateur : l’orgueil, la luxure et l’avarice, qui sont, comme tous les vices, l’excès de nobles penchants. Mais comme elle n’avait aucun autre sentiment élevé, elle différait en cela même du juif et de tous les autres hommes, qu’elle pouvait cependant tromper par sa beauté, comme ce tableau qui représentait des fruits si habilement peints, que les oiseaux, les prenant pour des fruits véritables, venaient se heurter contre la toile.
Cenrio et le vieux juif s’approchèrent de la seconde