en être le prince ; s’il voyait des soldats étrangers, il se regardait lui-même pour voir s’il avait aussi bonne tournure qu’eux. Pendant ce temps, l’archiduc s’entretenait à voix basse avec Bella. Il lui reprocha la honteuse fausseté avec laquelle elle avait exploité son amour, dans le but d’obtenir une place de capitaine pour son fiancé. Bella fondit en larmes, et lui jura qu’il en était tout autrement ; que son amour pour lui n’était pas une feinte, et que son plus grand, son plus noble désir était d’avoir de lui un enfant qui donnât à son peuple la gloire et la liberté. Cette franchise mit le prince dans un certain embarras (il était profondément et complètement innocent, mais innocent par vanité) ; il lui jura enfin qu’il ferait tout son possible pour satisfaire ce désir, qui n’allait pas contre ses obligations politiques. Après cette assurance, il l’emmena sans que le petit se fût aperçu de ce qui s’était passé, et Braka donna le signal de se retirer.
Cornélius s’arracha à regret de ce microcosme qu’il regardait pour la troisième fois et qui lui plaisait bien plus que le véritable monde ; pendant ce temps, le vieux juif, tout en causant avec Cenrio, travaillait à la statue de Bella.
— Comment pouvez-vous donc leur donner la vie ? lui demanda Cenrio.