dire tout ce qu’elle savait à l’endroit de ces étrangers qui étaient peut-être des émissaires envoyés par ses ennemis pour le perdre. La vieille raconta sans réserve tout ce qu’elle savait ; elle dit que Braka était une vieille bohémienne qu’elle connaissait depuis longtemps ; qu’elle était arrivée chez elle une nuit avec Bella et le petit, et qu’elle s’était fait conduire avec eux à Gand, où elle dépensait beaucoup d’argent. Elle ne pensait pas que Bella fût son enfant ; elle la supposait plutôt une fille de noble maison, mais sans pouvoir en répondre au juste. Cette jeune fille n’était certainement pas un enfant volé, car elle parlait à Braka d’un air de commandement et d’amitié en même temps ; elles s’entretenaient dans une langue étrangère qu’elle croyait bien être le français.
Cet aveu changea toutes les idées du prince. Tout à l’heure il croyait être tombé dans les filets d’une coureuse, maintenant il supposait que cette fille devait être une princesse française dont il pourrait demander et obtenir la main à la cour de France, malgré la volonté de son grand-père. On voit par cette idée que les talents politiques qu’il déploya plus tard ne s’étaient pas encore prononcés dans sa jeunesse, qu’il passait dans des exercices corporels ; car il croyait possible une chose dont tout autre aurait fort douté.