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PARTENZA…

daires, et restant, sous les feux innombrables allumés dans cette voûte de métal précieux, d’un bon goût parfait et d’une somptuosité presque discrète et légère. Dehors, l’averse de lumière ne parvient pas à dissiper immédiatement les éblouissements de ce que je viens de voir.

Via Balbi, le palais royal s’ouvre dans l’éclatante blancheur des vestibules où se développent de merveilleux escaliers de marbres rares. Au delà de la cour d’honneur s’éploient les jardins disposés en terrasses, d’où l’œil suit, avec quelle complaisante et exquise attention ! le panorama de Gênes appuyée sur les collines, tournée vers la mer sous un chaos de dômes, de campaniles, de terrasses, de toits rouges et plats, de tours blanches, auxquels se mêle la verdure. La mer s’étend toute bleue au-devant de Gênes, toute bleue, un peu houleuse. Dans le port les bateaux se balancent, et je vois d’ici les longues aiguilles des mâts, la pesanteur massive des coques noires parmi le réseau très fin des agrès et des cordages et les mobiles miroitements des vagues. Le palais Balbi continue, de l’autre côté de la rue, la montée des jardins royaux : c’est un enchevêtrement de colonnes et de portiques qui s’ouvrent à la lumière de toutes parts envahissante. Rien de moderne ne peut rendre cette sensation de vieux, de passé somptueux résistant si bien à l’anéantissement des siècles que, de ces escaliers, il semble, comme tout à l’heure au seuil d’autres palais, que vont descendre dans un instant les personnages en pourpoints d’écarlate, en toques de four-

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