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PARTENZA…

Étrange impression ressentie dès les premiers pas, le soir, dans les belles rues dallées ; la ville me paraît remplie de pâtissiers, mais de pâtissiers élégants, aux menus étalages parés de feuillages d’or et de fleurs rouges, bien tranquilles sous les lumières nombreuses. Les gâteaux sont jolis comme un dessert de conte de fée, perlés de sucres richement travaillés et ciselés, rehaussés de couleurs fines et d’anis multicolores avec des irisements de nacre, de perles, qui sont de minces dragées recouvertes d’argent brillant. J’admire l’ingénieux apparat de ces décors, de ces enguirlandements de fruits glacés parmi les succulentes verdures d’angélique enveloppées de beaucoup de papiers dorés qui, sous la rampe d’éclairage, doivent horriblement tenter les robustes petits bambini vite accourus, pour voir, des ruelles étroites, en s’appelant par des noms si jolis ; de ces ruelles plus charmantes encore que les larges voies emplies de monde, ces ruelles aux allures de coupe-gorge, pacifiques maintenant, mais terribles autrefois, sans doute, avec leurs maisons abruptes, aux corniches saillantes qui se rejoignent et laissent entre elles un mince filet de ciel bleuté où se jouent, comme chez les confettieri, ces morceaux de papier doré que sont les étoiles.

Les carrefours sont innombrables, où se rencontrent et se divisent plusieurs de ces hauts et longs couloirs qui grimpent du port vers le sommet de la ville en pentes douces ou raides, en degrés de granit toujours extrêmement propres. Ce soir, des chanteurs occupent les oisifs, et font la joie des gamins trottant pieds nus