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PARTENZA…

de mendiant, fléau ravageur de toute l’Italie ; ils tendent leurs mains sales, et leurs parents les imitent, tant la misère est atroce par ici, et invétéré ce besoin de mendier conduit à se développer davantage, à mesure que nous descendrons dans l’Italie méridionale, parfois sous une forme moins gracieuse et différente du joli regard implorant des bambini qui se précipitent vers nous et se feraient écraser entre les roues des wagons pour quelques centimes.

Souvent, à la traversée rapide d’une bourgade, c’est un coin merveilleux et agreste, murailles halées supportant avec peine un escalier grimpant en plein air vers quelque grenier, quelque loggia ouverte sous la toiture mal équilibrée par des colonnettes de bois entortillées de plantes grimpantes. Les grappes de fleurs, longues et retombantes, rouges, violettes ou blanches, dans un espace très court, hâtivement, précipitent jusqu’à nous leurs odeurs subtiles. Des vergers s’encadrent d’allées bordées de pilastres reliés entre eux par des poutres à peine dégrossies, mais d’une rusticité légère, car les vignes y courent librement et se tordent avec les feuillages d’or, de bronze et de cuivre oxydé des vignes vierges et des lierres. Et quand ces galeries ajourées se haussent sur un mur en terrasse, l’effet est des plus charmants et d’une idyllique simplicité ; l’œil cherche les mains qui s’enlacent, les regards qui se croisent, les seize ans qui chantent l’éternelle chanson dans l’apaisement et la sérénité du soir, devant la mer infinie, sous l’amoureux enlacement des lianes.