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PARTENZA…

soirée, sous les étoiles brillantes et douces, avec leurs prunelles d’or indulgentes sur le velours tranquille du ciel ?


Noël ! Noël !… il est minuit !… Dans une obscurité fraîche comme celle-ci, par les mêmes souffles nocturnes promenant avec eux les senteurs des plantes, dans le même silence émouvant des ténèbres bleutées, au pays de Gâlil, sur la terre plus jeune de vingt siècles, un Enfant naissait d’une Vierge, et les premiers cris issus de ses lèvres frêles tressaillaient dans les airs magnifiés, en suaves cantiques de paix et d’allégresse. Des bergers, dans les graciles ritournelles de leurs fragiles chalumeaux, chantaient la joie des humbles en s’approchant de Bethléem endormie. À genoux ils adoraient ces bras divins plus grands que tous les mondes et dont les tendres menottes venaient de s’abaisser jusqu’à notre misère… Les bergers riaient aux petits yeux rieurs emplis de la splendeur des cieux, et l’homme, sous les haillons des pâtres tremblants et réjouis, inclinait son front pâle vers Dieu, né des flancs immaculés de Celle qu’il avait bénie entre toutes les femmes…

Dans la rapidité d’un éclair, les yeux perdus sur la mer immense, ce fut en moi, à ce souvenir, le recueillement d’une adoration infinie…