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PARTENZA…

taquouères. De la poussière, des bousculades, des toilettes tapageuses de femmes peintes et teintes ; valets de grand style, intermédiaires louches et sales, grooms élégants au regard suspect, attelages insolents de roitelets en rupture de trônes, voitures à bras lamentables écartelées sous la charge des malles. Et déjà la marmaille en guenilles à l’affût de tout, de rien, d’un bout de cigare. On sent d’ici la misère italienne, sordide, repoussée par l’arrogance des milliardaires, tache horrible, trou noir dans le manteau clinquant de cette ville si différente de ses sœurs du littoral, avec ses maisons hautes, l’effarement des rues encombrées de tramways. La poussière se colle sur les feuillages et dessèche les arbres ; les palmiers sont piteux. Tout au bout d’une grande avenue, la place Masséna, œil merveilleux grand ouvert sur le ciel et la mer avec, au milieu, cette taie : la Jetée-Promenade bâtie sur pilotis, amas de ferraille inutile et présomptueuse flanquée là, brune, couleur de mauvais temps sur la mer bleue et dans le ciel infini.