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PARTENZA…

pardonner les Marseillais de la Cannebière, la Cannebière semblable en ce moment à une Laponie en dégel…

Notre-Dame-de-la-Garde qui, dès le matin, se cachait dans le brouillard, se montre toute bleue maintenant que nous avons fait un grand détour en nous éloignant de Marseille. Même, dans cette silhouette bleuâtre qui va toujours en s’amincissant, ont déjà glissé quelques lueurs pales d’un vague soleil deviné sous un large halo de nuages argentés ; puis, enfin ! dans leur étoffe sombre, une déchirure se produit, et par cette déchirure un jet de lumière dorée tombe droit sur la verdure qui nous surprend, sur la mer qui resplendit, scintille, se meut dans un ruissellement de clartés. Les brouillards gris, devenus d’opale, puis de saphir, sont vermeils maintenant et fondent leurs vapeurs au soleil, et la terre se découvre… Le ciel lui-même se met tout nu ; et, toute veloutée, toute frémissante de lumières, cette nudité, en un réveil triomphant, étreint la terre tout entière, et de ce baiser joyeux naissent la joie et la beauté…

C’est alors la définitive verdure, le définitif enchantement ; c’est la vraie parure du Midi rayonnant et tiède, et ce ne sont plus les grisailles attristées des Flandres aux clochers d’ardoises, aux toitures pointues en chasse-neige ; ce sont déjà les toits plats en tuiles roses et les terrasses italiennes, ce sont les fleurs et la paisible menace des cactus armés jusqu’aux dents sous les aigrettes mobiles des palmiers…

La mer disparaît : ce sont maintenant de longs dé-