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PARTENZA…

membres fatigués ; cela est très triste ; à la fin, on ne les voit plus guère, mais on les sent tout près et souffrants, — les arbres souffrent peut-être aussi dans le vent lugubre, — et l’on passe vite, vite, car la nuit est épaisse ; aucune lumière ne luit, aucun bruit ne résonne plus, hors les sanglots de l’air agité, les pas du cheval et le roulement sourd de la voiture sur le sable détrempé des avenues. Un verglas très fin se colle aux glaces du coupé et s’arrange en arborescences figées par le gel, semblables à des coraux blancs, illuminés quand paraît au travers la devanture éclatante d’un magasin de la ville où nous rentrons enfin, las et transis dans l’âme et dans le corps, après les visions grises de Notre-Dame-de-la-Garde, de la Corniche et du Prado.