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PARTENZA…

reries, regarde, sereine, la nef sombre où luisent, sur les murs hauts et resserrés, des suintements de mosaïques d’or parmi les marbres des ex-voto.

Si terrible est la poussée du dehors que je m’étonne de voir immobile cette chapelle, fragile en somme ; immobile aussi la veilleuse qui navigue lentement sur l’huile et promène sa flamme paisible autour du gobelet de cristal.

La tempête devient intolérable ; le ciel est couleur d’ardoise ; les montagnes lointaines, éclaboussées de neige par places, sont lugubres ; il faut nous tenir très solidement pour n’être pas renversés ; le vent s’accroche et se déchire à toutes les balustrades, beugle contre tous les obstacles et nous tient haletants, suspendus sur un abîme de vide.

La Notre-Dame d’or paraît extraordinairement puissante, là-haut sur la tour où rien ne bouge, pas même les petites mains de l’Enfant Jésus qui continuent de bénir, étendues sur la mer.


Un soir glacial naît sous les rafales violentes, un soir brutal, gris, bas, maussade, à fleur de mer, tombé sans les timidités rougissantes du crépuscule poudré d’or. La seule poussière des embruns voltige sur la route de la Corniche que nous suivons quand même, malgré le mauvais temps, jusqu’au Prado, dont l’avenue interminable débouche en hémicycle face à la mer.

Le Prado est désert ; des arbres bas, au tronc noueux, se recroquevillent vers la terre comme des vieux las qui tremblent et ramassent sous eux leurs