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PARTENZA…

Bologne, de Verrocchio… qui ont pris à tâche, par leur élégance suprême, de donner un peu de vie et de légèreté au carré trapu que forme extérieurement le vieux sanctuaire.

C’est un peu, cette sortie précipitée d’Or San Michele, l’image de la fin de chaque chose très douce, et surtout, oh ! surtout, l’image trop réelle de ce voyage plaisant qui s’achève, dont voici la fin arrivée plus rapidement que je n’osais le croire, quoique je l’aie vue déjà, dès les premiers jours, venir, menaçant de gâter, si c’eût été possible, les sensations attrayantes de ces heures trop brèves ! trop brèves !… Chères heures qui vont épandre sur tout le reste de ma vie, si longue ou si courte qu’en puisse être la durée, la pluie fine et rafraîchissante des souvenirs…

Nous allons encore dans un magasin de marbres du Borgo Ognissanti, ma mère et moi, pour acheter une de ces petites sculptures, œuvres mignardes et insignifiantes des habiles ouvriers italiens ; et ma mère a bien voulu me laisser libre de choisir un buste très élégant du Narcisse de Pompéi que nous avons distingué chez le statuaire parmi tout un Olympe composé de dieux et de déesses en albâtre que le marchand étiquette marbre de je ne sais plus quel pays au nom sonore, et de marbre vrai Carrare aux jolies paillettes de mica, scintillantes dans la chair neigeuse des épaules, des jambes et des poitrines… Et Narcisse est chez moi maintenant, devant mes yeux. Pendant que j’écris ceci, sa jolie tête aux boucles de cheveux ciselés parsemés de feuillages chargés de petites baies rondes

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