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PARTENZA…

J’avais besoin de rencontrer sur mon chemin l’obscurité douce de cette église où je venais de me réfugier si soudainement pour échapper à la fois à ces deux souffrances, l’une faite de la douleur même de Pio et de sa mère, l’autre, à laquelle en vérité je ne pouvais pas me soustraire, mais pour quoi je trouvais dans l’église un dérivatif immédiat et salutaire, et qui était la rupture inexorable avec cette frêle vision de femme que je m’étais accoutumé déjà à suivre dans les rues de Florence, et qui, sans moi, en ce moment continuait son chemin, vers sa maison sans doute, vers les siens très aimés.

Je m’étais réfugié de suite dans l’angle noir où scintille à grand’peine le Tabernacle d’Andrea Orcagna, splendeur de matières précieuses, de richesse, d’art patiemment plié, guidé à travers les milliers de petits fragments de pierres fines dressées en menues rosaces, en portails lilliputiens, en ogives de dentelles et de joailleries au milieu desquels lentement s’éteignent, en les coloris exquis et pâles, en les ors exténués de vieillesse, les regards candides de la Madone d’Ugolino de Sienne et de huit chérubins aux profils nimbés d’or. Et je pensai à combien de tempêtes la Vierge miraculeuse avait opposé le calme de son doux visage immobile, là, dans le crépuscule permanent de l’antique église, ou mieux, dans l’aube dont Elle, la Vierge, était l’éternel Soleil Levant ! Il y a dans la chapelle des catéchismes de Saint-Germain-l’Auxerrois ces mêmes hésitations de la lumière à percer les lamelles épaisses des vitraux sertis dans les