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PARTENZA…

pour l’éternelle veillée des morts à qui personne ne songe plus jamais !

Vertigineuse, la montée du funiculaire escaladant à pic les rocs é entrés d’où, superbe, jaillit la basilique de Notre-Dame-de-la-Garde, souveraine des océans où s’en vont, les yeux humides malgré leur vaillance mâle, les jeunes hommes qui se raidissent devant les regards douloureux de la mère, de la pauvre vieille décidée à les accompagner jusqu’au bout, et qui partirait bien avec eux si les grands bateaux voulaient des mamans ! Ils l’apercevront encore au retour, la Vierge accueillante ; sa couronne d’or pointe d’abord au loin avant même que, très indécise, se tende sur l’horizon cette ligne minuscule, ce rien qui m’arracherait à moi des larmes que je ne saurais contenir : la terre de France !…

Les hou… hou… terribles du vent se brisent sur les murailles épaisses de la basilique dont le calme intérieur paraît presque formidable de silence et de paix, après les secousses acharnées du dehors. La basilique est petite et parée comme une châsse ; l’autel est caparaçonné d’or ; de lourdes orfèvreries retiennent, en des cercles d’émaux, des reflets pâles d’améthystes et de turquoises, de saphirs blêmes et d’opales troubles aux transparences orangées. Des flambeaux massifs écrasent sur les degrés de l’autel leurs larges pieds composés d’hiératiques animaux, écaillés aussi de gemmes et de métaux ciselés où reposent des lueurs bleues de clairs de lune ; et la Vierge, sous un dais fait de larges ornementations d’or épanouies en pier-