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PARTENZA…

yeux vierges de baisers, à peine voilés d’une interrogation curieuse et candide, et tremblants un peu d’effroi dans l’attente de ce qui doit venir… Et je m’imagine, — oh ! je sens la naïveté de ce que je vais dire, — je m’imagine qu’elle doit les craindre horriblement, ces baisers, délicieuses floraisons de lèvres réunies, dont le fruit fut pour elle la pauvre chair à jamais sans clartés que ses mains mignonnes de jeune femme guident à travers le soleil, dans Florence belle en ce moment d’une inoubliable beauté…


Tous les trois nous avons couru par la ville ; eux faisant probablement comme chaque jour leur promenade ou leurs petites courses matinales dans ces rues, qui, dès l’aurore, s’emplissent du parfum des fleurs, des fruits et du pain quotidien ; moi, machinalement, presque sans but en somme, sachant très bien que tout cela ne mène à rien, puisque je vais partir, mais éprouvant une sorte de joie confuse faite peut-être de curiosité satisfaite parce que j’ai, hier et aujourd’hui, pénétré un peu l’existence de ces deux jolis êtres que le hasard a jetés sous mes yeux, ces deux êtres auxquels je vais penser, que je suis capable d’aimer sans qu’ils puissent jamais le savoir. Leurs silhouettes pures, détachées sur le fond d’une rue de Florence à la perspective fuyante endos vapeurs bleuâtres, s’ajouteront, s’ajoutent déjà, au souvenir de ces amours inavouées perdues au milieu des villes jadis traversées à la hâte et même aux amours trop platoniques qui, régulièrement, s’éveillent, dans ce grand Paris, au frôlement de chers