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PARTENZA…

belles maisons sévères. Je me hâte de fixer en moi les multiples aspects de Florence. J’entre partout, hélas ! hélas ! presque sans voir. Je ne détaille plus chaque église et chaque palais ; je détaille Florence. Chacune des beautés que je puis saisir encore hâtivement est un fragment d’une beauté d’ensemble, d’un tout qui est la beauté générale de la grande cité ; je ne vois rien, je vois Florence…

Le ciel est bleu, le soleil est doré, et, par couches horizontales, comme de minces feuilles d’ouate très blanche, lentement évoluent les nuages légers. Ailleurs, cela passerait inaperçu ; ici, les teintes grises, rousses et rudes des monuments se détachent splendides sur les colorations fragiles et les flocons argentés du ciel et sur les frêles buées du matin, qui s’enfuient. Des rives de l’Arno on dirait, comme hier où cette image a passé déjà devant mes yeux, un paysage des tableaux des Primitifs avec les verdures bleues, la ville bleutée, le fleuve limpide qui l’enserre au pied des murailles toutes proches, et les enluminures que dessine le soleil sur les façades des maisons. Le cadre est d’un charme exquis et rare, aussi j’essaye en vain de m’éloigner, je reviens toujours, fasciné, dans le cercle où sont le Dôme, le Baptistère, le Palais-Vieux, les Uffizi et, depuis la place de la Trinité, le lung’ Arno Acciajoli où débouche le Ponte-Vecchio.

Entre la Signoria et les Uffizi, dans la voie étroite que traverse une grande voûte jetée d’un palais à l’autre, je viens de rencontrer Pio et sa mère. Les boutiques étaient ouvertes déjà presque toutes. Je me