admiration, parce qu’il me semble, en effet, qu’elles ne pouvaient être que conformes au rêve en lequel, dans ma pensée, se dessinaient leurs silhouettes aimées. Du jardin Boboli, c’est une apparition de Florence demi-voilée par les hautes guipures des grands arbres, charmante, avec cette grâce coquette et voluptueuse d’une beauté qui dérobe aux regards une partie de ses attraits et ne laisse voir qu’à travers la diaphanéité d’une étoffe légère, les lignes sveltes, les fins contours qui savent, ensorceleurs, goutte à goutte verser dans l’âme ce philtre d’amour : le malaise du désir.
La merveilleuse promenade du Viale dei Colli, où nous arrivons par la via et la Porta Romana, achève l’impression de splendeur immense qui, partout et de quelque point qu’elle s’offre à la vue, enveloppe Florence. Seulement ce n’est plus ici, apparu au sommet de la tour du Palais-Vieux, un écrasement des coupoles posées sur les toits rouges des maisons, un plan en demi-relief, pourtant si joli avec les sillons des ruelles bleues d’où s’élevait ce matin la rumeur confuse et monotone d’une chanson lointaine, c’est Florence toute en profils, Florence toute en lignes pures, j’allais écrire chastes ; elle me parut ainsi, belle et pudique à ce moment comme une moniale. La volupté de tout à l’heure, au palais Pitti, s’en est allée parmi l’odeur flottante des buis âcres et les arômes balsamiques des cyprès qui balancent leurs quenouilles noires avec la tranquillité mystique et silencieuse des arbres dans les jardins d’un cloître…