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PARTENZA…

s’avance, le Campanile à son côté, vers le Baptistère Saint-Jean que Dante aimait :

Il mio bel San Giovanni.
Inf., XIX.

Ce qui est infiniment gracieux, c’est le semis de villas enfouies dans la verdure des collines ; leurs façades blanches et brillantes de soleil, découpées dans le bleu du ciel, sont tachées des ombres des portiques et des loggias. Les longs cyprès noirs sont piqués dans de clairs feuillages qui résistent à l’hiver ; et là, sur la rive gauche de l’Arno, de l’autre côté, dominant les masses puissantes du palais Pitti, une silhouette prodigieuse, une seule, d’un pin parasol géant et roux. Tout cela est d’une tournure, d’un arrangement vraiment italien, vraiment exquis, plus : florentin, c’est-à-dire d’une perfection telle que l’on’n’imagine aucune chose plus belle et plus fastueuse, et que les yeux se laissent émerveiller, bercés sans secousse, comme en bas dans le Musée devant les toiles merveilleuses. Le corps est anéanti, supprimé ; l’âme subsiste seule, rêveuse, flottante de l’une à l’autre de cette campagne à cette ville, rassassiée d’idéal et de beauté.

En redescendant, le vieux sculpteur me fait voir un étroit caveau où deux personnes au plus pourraient s’asseoir sur deux banquettes de pierre ; il est vrai qu’il est magnifiquement éclairé, presque au sommet de la tour, à côté d’un petit escalier sur lequel il s’ouvre sans palier, à même les marches :

— Jérôme Savonarole est resté là quelques heures.