Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
PARTENZA…

d’ajouter aux richesses artistiques de Saint-Pierre la jeune splendeur de ces formes humaines, mais quelque faux dévot dont l’œil oblique dans la face huileuse dérobe sa prunelle devant le « sein qu’il ne saurait voir ». Tartufe, dis-je, n’a pu contempler ces corps entièrement nus ; et des voiles de bronze, merveilleusement ajustés il est vrai, et confondus avec l’éclatante blancheur du marbre, habillent cette nudité très belle, très naïve et très pure, que ne redoutaient ni le ciseau d’un Phidias, ni l’insondable génie d’un Praxitèle ni, plus près de nous, la puissance d’un Rude ou d’un Canova, continuateurs glorieux des grâces infinies de l’antique Hellade…

Henri Beyle sans doute ne connut pas l’enfantillage de cette transformation, dont il y aurait d’ailleurs mauvaise grâce à se plaindre quand on se rappelle l’obscénité des feuillages en fer-blanc du Musée de Naples !

Les rigoristes qui firent ceci eussent condamné Phryné, en cachant leur face d’iconoclaste devant l’adorable frisson de son corps de femme. Sophocle à quinze ans, — au milieu des adolescents de son âge, rejetant avec eux ses vêtements pour chanter dans la gloire de sa blonde nudité, le Pæan, après la victoire de Salamine, parce que les Grecs ne trouvaient à offrir aux dieux dans les ivresses d’un triomphe et dans l’ardeur d’un enthousiasme sacré que cet hommage immédiat de la beauté toute nue, — eût été puni de je ne sais quelle peine, au nom de la morale de ces gens dont les divinités s’appellent hypocrisie et laideur !