Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
PARTENZA…

d’église, blanche d’un récent badigeon de chaux. Elle me plaît avec son faux air de chapelle espagnole, et, puisque c’est dimanche, nous allons entrer et nous joindre aux gars solides, aux humbles bonnes femmes, aux fillettes embarrassées de robes empesées, coiffées de chapeaux où se heurtent maladroitement toutes les verdures des fruits pas mûrs et tous les incendies des rouges, du coquelicot à la groseille.

Gauches et jolies cependant, les petites cousines de Mireille ; de beaux cheveux noirs et des yeux où passent des reflets tièdes et caressants, et, comique, l’assent que martèle chacune de leurs paroles passant volubiles entre les lèvres saignantes ouvertes sur la blancheur des dents.

L’église, c’est Saint-Ferréol, et j’avais deviné le décor intérieur en voyant la façade : une chapelle de couvent espagnol, un de ces couvents de Franciscains où la pauvreté est de règle absolue : les murs blanchis à la chaux, les ornements sommaires et rarement remplacés, pauvre autel, pauvres tableaux en des cadres piteux, et tout cela un peu humide de je ne sais quelles rosées, comme si les gens qui sont là répandaient en l’air les buées de leurs vêtements mouillés un jour de pluie.

Mais comme ils sont de belle tenue, les gens du port, les pêcheurs de poissons, les marins, les portefaix, les soldats et les pauvres femmes égrenant leur gros chapelet du même geste que leurs voisins les hommes aux rudes et bonnes figures !

Ce n’est pas la paroisse aristocratique, tant mieux ;