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PARTENZA…

rayonnait la grâce idéale et candide des vierges immortelles que nous admirons aujourd’hui…


Et je continue, dans la rapide traversée de Rome, la reconnaissance des choses aimées autrefois. Presque toutes me paraissent embellies ; d’autres ramènent à des formes plus simples l’image qui m’était restée d’elles ; et je n’ai pas les désillusions du revoir par l’amoindrissement de mes souvenirs. Mais, ici et là, les larges éclaircies faites à travers les vieux quartiers jettent en moi la mélancolie de ce qui va disparaître pour toujours.

Sainte-Marie-Majeure, une façade de palais, plutôt de théâtre. Dedans, un plafonnement d’or qui baigne ses étincellements dans le liquide, miroitant comme une eau dormante, des dallages en marbres précieux ; au bord de cette eau paisible, les colonnes antiques aux merveilleux chapiteaux se mirent également et se répètent presque entières jusqu’au fond des marbres limpides. La Confession enferme parmi ses cristaux de roche, ses agates et ses onyx, les bois millénaires d’un petit lit de mauvaises planches vermoulues que je vis il y a déjà des années. Je le sais là, derrière les volets de fer, que seuls les cardinaux-chanoines, crosse en main, mitre en tête, ont le droit de soulever dans la clameur frémissante des orgues, dans le déploiement des bannières et des croix, et le vol des encensoirs d’or qui lancent les étoiles de leurs orfèvreries parmi les nuages bleus… Un Nouveau-Né s’est endormi dans ces planches, ses petits poings fermés en boules