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PARTENZA…

la piquante beauté s’affine davantage encore aux approches de l’adolescence et acquiert son complet et parfait épanouissement au moment où l’âge viril va parachever les corps fragiles et muer leur sveltesse en la charpente svelte et solide que je voyais il y a un instant sur la place d’Espagne, dans les loques des ciociari dont la misère, joliment, brave la laideur.

Et je ne me lasse jamais d’admirer, à chaque pas, la grâce espiègle des petits mendiants qui se roulent dans la poussière des rues, les jeunes hommes à la démarche simple et sans pose ; et quand passe l’un de ceux-ci, le visage enveloppé de la belle sévérité des grands yeux calmes et limpides, avec des lèvres aux lignes pures, un cou flexible où tombent, de la nuque souple et solide, de jolies boucles brunes répandues en caresses sur la chair, brune aussi, aux reflets d’ambre pâle, c’est en moi, renouvelé du Musée de Naples, l’envahissement d’un charme intangible et imprécis dont je ne veux pas me défendre…

Et s’il était nécessaire d’ajouter un trait suprême, un argument irréfutable en faveur d’une beauté dont restent émerveillés tous ceux qui ont fait quelques pas sur cette terre d’Italie, il suffirait de rappeler que la légende, confirmée depuis par les travaux de très érudits historiens, veut que Raphaël, — enfant de dix-huit ans, timide ou impuissant à vaincre les scrupules des femmes Ombriennes qui refusaient, même vêtues, de se prêter au jeune peintre comme modèles, — ait simplement reproduit le visage de ceux de ses jeunes camarades, de ses petits amis de jeux et d’étude en qui