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PARTENZA…

sans y parvenir, de rendre le doux éclat ; sans les groupes superbes des modèles promenant sur les degrés somptueux de la Trinité-des-Monts, le rythme de leur jeune beauté. Et la Barcaccia du Bernin pleure, silencieuse, ses larmes glacées. La place d’Espagne n’existe plus la nuit.

Par un petit chemin grimpant dont le gravier grince sous mes pas, à travers de grands arbres penchés dont les ombres froides rêvent sur les murs, j’arrive devant la Villa Médicis. Là l’air est plus vif encore. Les arbres immenses enveloppent les flancs du palais qui s’élargit à la base comme écrasé sous le poids énorme de la haute et lourde façade. Des’arbres noirs, rien que des arbres, et devant moi, dans une élégante vasque de marbre, jaillit le sanglot d’une colonnette liquide dont le chapiteau se brise, se disperse, tombent gémit en plaintes ininterrompues. En bas, à travers les feuillages d’hiver, des carrés lumineux qui sont les grandes baies vitrées des ateliers et des hôtels où l’on rit, où l’on s’amuse, où l’on franchit gaiement le seuil de l’an nouveau… Le petit jet d’eau à côté de moi distille des gouttelettes de tristesse infinie qui me pénètrent et me glacent, et répandent en même temps un vague exquis en tout moi-même. Je’préfère, — avec quelle énergie ! — je préfère le floconnement froid et blanc de ma fontaine, son petit panache glacial, aux mousses blondes et folles du champagne ; son ronron monotone et berceur, aux hoquets du bouchon qui déchire sa capsule d’or ; et la sérénité de ma nuit bleue, aux extravagantes lumières des lustres ; et le baiser brutal de