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PARTENZA…

Elle s’efface en ce moment, cette Naples si jolie. Le fort San Elmo et San Martino ne sont déjà plus. Seul, le Vésuve violet d’or étire’paresseusement dans le ciel, très calme aujourd’hui, son panache monstrueux et léger ; et l’horizon, tandis que le train s’enfuit à toute vitesse, se rave de la ligne nette et brillante des vagues interrompues seulement par les îles blanches ainsi qu’un brouillard impalpable.

La Campagne-Heureuse est somnolente sous les tiédeurs de midi. À peine les coupoles des pins parasols daignent-elles, lentement, se bercer au souffle du vent : grandioses et sévères, leurs alignements se renouvellent sans cesse autour des vergers, les uns s’effacent, les autres apparaissent en découpures bizarres avec, toujours visible jusqu’ici entre leurs ramures sombres faites de milliers d’aiguilles enchevêtrées, la pointe de plus en plus pâle du Vésuve, soudainement enfoui dans un repli du terrain. C’est fini ! Naples qui demeurait encore un peu là-bas maintenant me paraît très lointaine comme si des mondes nous en séparaient ; et ses rumeurs, qui semblaient nous suivre un peu tant que le Vésuve piquait sur l’horizon l’endroit précis du rivage où dorment ses toits et ses terrasses, se sont tues tout à fait.

Dans les champs, les vignes enlacent les troncs des arbres, courent de l’un à l’autre, enveloppant les platanes et mêlant aux troènes leurs sarments bruns et noueux, joyeux comme le vin que donnent leurs grappes, répandant l’ivresse de leurs treilles dans l’air ; tels jadis les grains écrasés versaient dans les